Avec ses 70 000 habitants, l'île ressemble plus à une communauté. Chacun ayant posé son nid là où les terres se cultivent et le relief le permet. 

Traversée par un axe montagneux nord-sud avec le Morne Diablotins en vedette à 1 447 m, les courbes de Dominique sont aussi généreuses que protectrices.
Je pense avoir rarement vu autant de nuances de vert. 
Avec plus de 1 000 variétés de fleurs dont de nombreuses espèces endémiques, cette île est un immense jardin et un paradis pour les oiseaux. 175 espèces d'oiseaux ont été recensées. Perroquet, colibri, grive, rossignol, coucou-manioc, héron, pélican... tous ont leurs particularités que ce soit par leurs couleurs, leurs plumes, leurs terrains de chasse ou leurs sifflements. 

Si les perroquets Sisserou et Jacko en mettent plein les yeux, ce sont surtout les belles harmonies que je retiens. Sur le sentier du Waitukubuli National Trail, la beauté n'était pas tant dans ce que je voyais mais dans ce que j'entendais.
Comment oublier le si joli chant du Mountain Whistler (« siffleur des montagnes »)... Accompagnée de Dr Birdy, l'homme qui murmurait à l'oreille des oiseaux, toute notre attention se portait sur les sons. L'oreille tendue, le point de vue importait peu. Guidés par les bruits de la forêt, nos pas se sont fait aériens.
J'ai appris à marcher différemment au rythme des mélodies et des battements d'ailes. 

Le passionné et passionnant Dr Birdy aura marqué mon voyage mais j'ai rencontré d'autres drôles d'oiseaux sur ma route. 
Tour à tour facétieux, bienveillant, fier, timide, le Dominicain est avant tout un oiseau libre. 

J'ai adoré les discussions avec notre guide O'Neil, à parler du quotidien mais aussi des envies et des rêves d'envol... pour devenir un jour pilote d'hélicoptère sur son île. 
Le long de l'Indian River, lieu de tournage de Pirates des Caraïbes, je n'ai pas croisé Jack Sparrow mais James Bond. C'est ainsi qu'il se prénommait. Le sourire était tout aussi charmeur, les répliques sanglantes à souhait mais les pistolets avaient été troqués pour des pagaies.   
Sur le marché de Roseau ou au bord de la route, j'ai essayé de suivre un jeu de Dominos entre les vannes, les regards et surtout les dominos qui claquent fort sur la table. Un savant mélange entre convivialité et virilité. 
Puis il y a aussi eu la rencontre avec le peuple Kalinago, les derniers Indiens Caraïbes sur fond d'histoires colonialistes, de traditions ancestrales et de communion avec la nature. Preuve que l'oiseau n'a rien à faire en cage. 

Avant de partir, j'ai observé une dernière fois le drapeau de la Dominique. Du vert, du jaune, du noir, du rouge et du blanc.

Ce n'est pas en mots mais en couleurs que l'on peut parler de l'île nature des Caraïbes.
En m'envolant, j'ai revu la végétation luxuriante, le soleil qui apporte de si bons fruits et la peau caramel des Kalinago, les plages de sable magnétique et l'héritage africain, les sourires et l'entraide puis l'eau qui traverse toute l'île de rivières en cascades.
Au centre du drapeau, il y a le perroquet sisserou, l'oiseau national qui n'existe qu'en Dominique. Il incarne l'envol vers des aspirations plus élevées et la réalisation de ces aspirations.

Sur l'île nature des Caraïbes, on sème avec le corps et le coeur et c'est peut-être pour ça qu'il est si facile d'y prendre racine. 

Reportage pour La Dominique, l'Ile Nature des Caraïbes