Gardienne au Phare de Cordouan

Le Phare de Cordouan
Un moment que cet article traîne dans un coin de ma tête et qu’il est même attendu par certains dont quelques fidèles lecteurs du blog… Alors finalement je me jette à l’eau, je rassemble mes souvenirs et images pour tenter de vous retranscrire au mieux mon expérience de Gardienne sur le Phare de CORDOUAN.

Il y a maintenant 5 ans, j’ai eu le privilège d’effectuer deux séjours de 15 jours comme Gardienne de phare et quel  phare… Le plus beau, le plus ancien, une véritable œuvre d’art en pleine mer.
Moments d’exception dans ce roi des phares, ce phare des Rois ou le Versailles de la mer comme certains aiment le nommer.
Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire ce site classé inscrit sur la 1ère liste des monuments historiques au même titre que Notre Dame de Paris ou le Mont Saint-Michel. Situé à 7 Kms du littoral, il assure depuis plus de 4 siècles la sécurité des navires entrant et sortant de l’estuaire de la Gironde.

Observer le paysage se transformer au gré des marées et des courants.
Chausser bottes et salopette pour aller placer quelques lignes de pêche puis se réveiller tôt le lendemain pour voir si mulets et bars ont mordu à l’hameçon !
Réfléchir alors à quelle sauce ils vont être mangés…
Rechausser ses bottes pour partir à la recherche d’autres gourmandises : huitres sauvages, bulots, crabes et parfois même quelques oursins…
Ouvrir la porte des marées pour accueillir les touristes déversés sur les bancs de sable.
Réviser, se préparer à sortir l’histoire de Cordouan et finalement répondre toujours à la même question : « Mais une fille seule, en pleine mer, même avec un Gardien, vous n’avez pas peur ? »
Fermer la porte des marées et entendre le crépitement des coquillages incrustés.
Écouter le clapotis des vagues se rapprocher et voir quelques vagues parvenir à passer au-delà du mur.
S’essayer à la pêche à la ligne… et repartir bredouille !
Assister au lever et au coucher de soleil tout en haut du Phare.
Observer la lanterne se mettre en marche et la suivre du regard : Bâbord-Tribord, Bâbord-Tribord…
Connaître l’isolement du marin sur son navire, qui même immobile reçoit les assauts des vagues, les hurlements du vent, les cris des oiseaux, les lumières des navires croisant au large…
Se rassurer en regardant les éclairages de la côte, à la fois si proche et si loin.

Voici quelques-uns de mes jolis souvenirs sur ce Phare et ce que m’évoque mes photos personnelles et celles gentiment prêtées par Michel qui m’avait capturée dans mes habits de Gardienne de Phare !

J’ai aussi une pensée tout spéciale pour mes binômes car vivre ces moments avec les Gardiens titulaires fut aussi une expérience en soi !
Faire les corvées d’entretien dans la bonne humeur, apprendre de leurs histoires, comprendre le fonctionnement du phare, partager repas et échanges culinaires, apprendre à pêcher et ramasser les crabes sans se faire pincer…
Le système a depuis changé mais ces 3 derniers gardiens ont toujours eu à cœur de transmettre leur passion pour ce phare, LEUR phare, peu avares de leurs souvenirs : recueil de naufragés, tempêtes exceptionnelles, rencontres insolites avec des mammifères ou oiseaux marins venant retrouver des forces à l’abri du phare, visites de personnalités…

Rares et inoubliables auront étés mes deux séjours et j’en suis persuadée un déclic pour l’aventure et la découverte de ce et ceux qui se trouvent au­ delà de l’horizon…