Expérience Aborigène en Australie
Un vaste sujet, des avis plus ou moins tranchés, un choc des cultures pas encore digéré, deux peuples qui doivent apprendre à cohabiter. Je me suis essayée à quelques observations, quelques pistes de réflexion mais ce billet a rapidement pris la forme d’un grand sourire.
Le sourire de Manuel.
Un sourire entre deux mondes
Après un mois de voyage en Australie, je n’aurai pas la prétention de dépeindre la complexe situation du peuple Aborigène mais je peux en revanche vous parler de ce que j’ai ressenti.
J’y ai vu une volonté de bien-faire, un dialogue qui se créé mais pas forcément des actions pour faire bien. J’ai entendu des propos d’une grande bienveillance et d’autres avec plus de véhémence. J’ai ressenti plus que jamais le décalage entre évolution spirituelle et révolution industrielle. J’ai croisé des regards perdus, parfois en colère et d’autres regards apaisés et rieurs.
Je me suis dit qu’il faudrait du temps entre ces deux mondes que tout oppose et puis j’ai repensé à Manuel et son sourire.
Le sourire de Manuel était rassembleur et apaisant, une sorte de trait d’union entre deux mondes. Manuel était aussi avide d’apprendre que de transmettre et partager ses connaissances. Il avait gardé cette curiosité enfantine intacte et se marrait à chacune de ses phrases. Un esprit de gosse dans un corps d’homme.
D’ailleurs quel âge avait-il ?
The Happy Man
Manuel est né le 5 Juillet 1963, au sud-est de King River où il a passé la plupart de son enfance. Son éducation, ses codes et lois furent basés sur les histoires du « temps du rêve » expliquant les origines du monde. Il tenta d’aller à l’école mais, honteux de ne pouvoir parler anglais, il n’y remis jamais les pieds et repartit dans la brousse où son père lui apprit à devenir un homme. Il lui enseigna comment chasser, peindre et utiliser les pigments traditionnels entre argile blanche, ocre rouge, ocre jaune et charbon noir.
En travaillant comme jardinier, ce ne fut qu’à l’âge de 25 ans qu’il commença à apprendre l’anglais. Puis de fil en aiguille, il commença à partager son savoir-faire puis conter ses histoires, son histoire pour maintenir en vie sa culture et la transmettre aux générations suivantes.
Durant notre matinée passée à Top Didj, nous avons pu discuter, observer et apprendre aux côtés de Manuel : découvrir sa culture et ses codes, jouer du didgeridoo, peindre avec les outils traditionnels, faire du feu ou chasser à l’aide d’un boomerang et de lances.
« Say the world I am a Happy Man », Manuel avait le don de rendre les choses simples et belles.
Entre ses mains, tout prenait vie : une tortue, une flamme, un bout de bois.
Dans son regard, on pouvait lire de la curiosité, de la bonté et une joie de vivre communicative.
À travers ses gestes, on apprenait la patience et un savoir-faire ancestral.
Sur sa peau, on retrouvait cette belle couleur ocre rencontrée au fil de la route, des paysages et des histoires.
Dans son discours, on entendait beaucoup de douceur, de bienveillance et de tolérance. Il prônait la connaissance de l’autre et le bien-vivre ensemble.
Avec son sourire, on faisait la paix, on arrêtait le temps.
Le sourire de Manuel permettait de faire le lien entre deux mondes, entre passé et présent.
Infos Pratiques pour vivre une expérience aborigène en Australie :
Si vous passez par Katherine dans le Territoire du Nord et que vous êtes curieux d’en apprendre plus sur la culture Aborigène de manière ludique, Top Didj Cultural Experience vaut vraiment le coup. On est loin du tourisme culturel instrumentalisé, la démarche est honnête et Manuel restera l’une des rencontres marquantes de mon séjour en Australie. Et merde, j’ai presque réussi à faire du feu avec deux bouts de bois !
Plus d’infos par ici.
Bonus Wallaby : chiens et wallabies ne font pas bon ménage. Du coup, le centre accueille également des bébés wallabies orphelins en grande demande de love et de biberons. Une autre raison de s’y rendre !
*Voyage en collaboration avec l’Office de tourisme du Territoire du Nord et STA Travel.
11 Comments
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Une belle rencontre ! C’est important de prendre le temps de partager avec les premières nations de ces pays 😀
Et le walibi, trop trop chou !
(yeah sexy la petite robe rouge 😀 )
J’ai beaucoup appris à tous points de vue et qu’est-ce que j’avais la pêche après ces quelques heures !
(la jupe c’est pour mon prochain article « comment être sexy en voyage »… haha on rigole mais cela a bien dû être fait quelque part)
Hello, comment va tu ??
Je ne sais pas trop comment expliquer mon ressenti par rapport à ce peuple. A Cairns il y a beaucoup d’Aborigènes, la plupart sont des mendiants dans la rue, malheureusement. Leur peuple est encore très en colère et certains ne font du coup aucuns efforts pour s’intégrer. D’autres y arrivent très bien, tout en gardant leur culture et origine en pratique. C’est comme une rébellion d’ado, un peu stupide, il se mettent à l’écart tout seul en refusant l’éducation, l’aide de l’Etat, et deviennent alcooliques, violents… Bref c’est vraiment compliqué et je ne sais pas si ça changera. A Cairns j’ai visité un centre sur la culture aborigène et c’était super intéressant !! On a appris la peinture, la chasse, la cueillette, j’ai appris à lancer un boomerang et il est même revenu dans ma main ! On a aussi vu un spectacle de danse et de musique. Les hôtes étaient adorables et très drôles.
Bonne journée 🙂
Hello Elsa! Je te remercie pour ton message et j’ai envie de te poser ces questions :
Est-ce aux Aborigènes de s’intégrer alors qu’ils sont arrivés il y a 70000 ans sur le continent ?
Accepterais-tu d’être aidée par le peuple qui a envahi tes terres, massacré les tiens et mis en place des politiques de ségrégation et d’assimilation ? Comment trouver sa place dans ce contexte surtout quand les codes et croyances des Aborigènes sont tellement différents des nôtres ?
Certes des démarches et un dialogue se sont créés les dernières années mais le passif est très lourd ET très récent… et c’est pour cela qu’il faudra du temps 😉
Superbe expérience! l’Australie sera l’une des premières étapes du notre tour du monde et en apprendre un peu plus sur la culture aborigène serait vraiment top! Je garde ces infos de côté, merci!
Oui si vous passez dans le coin, je vous conseille vivement de rencontrer Manuel !
Wahou, la photo de Manuel avec son regard et son sourire… Tellement d’émotions qui se mêlent que je n’ai pas les mots pour les décrire.
Merci pour ce partage, et tes photos sont toujours aussi magnifiques et chaleureuses !
Merci Mythily, ravie que sa belle personne transparaisse à travers son portrait. Il est solaire, je crois que c’est le mot pour le décrire 🙂
Rhaaaa les bébés wallabies, je fonds :3
Je suis enchantée de découvrir votre blog(classé dans les top 10 de cosmopolitan : bravo!) J’apprécie beaucoup la manière d’aborder votre voyage en Australie. Merci beaucoup pour nous faire partager la belle rencontre avec Manuel et l’adresse! Je ne pourrai pas envisager un voyage vers l’Australie sans avoir le privilège de rencontrer une telle personne pour en apprendre beaucoup plus sur la culture et les traditions aborigènes! Quelle belle expérience!
Merci pour ce super article qui en dit un peu plus sur la culture aborigène ! Je t’avoue que cela fait presque 2 ans que nous sommes en Australie, je rêvais de pouvoir m’imprégner de cette culture et apprendre leurs traditions, mais ça s’est avéré plus compliqué que prévu ! Ils ne sont pas forcément facile d’approche quand on ne veut pas passer par une organisation touristique (qui coûte souvent très cher et je ne fais pas toujours confiance à qui revient l’argent..). Il faut dire qu’on a pas été dans le NT ni dans le centre, on aurait certainement eu plus de chances là-bas ! 🙂 C’est vrai que le sujet est un peu tabou quand on demande aux australiens. Beaucoup de choses ne sont pas dites, à propos de certains endroits bâtis sur la souffrance des aborigènes (je pense à Rottnest Island par exemple). Merci en tout cas !